Cannabis en santé – Nicolas Authier ‘Soulager la douleur chronique avec le cannabis médical’

Conférence TEDx sur le thème : ‘Soulager la douleur chronique avec le cannabis médical’

mer. 15 mars 2023, 08:57

Cannabis en santé – Nicolas Authier ‘Soulager la douleur chronique avec le cannabis médical’

A moins d’être un superhéros ou un être surnaturel, nous avons tous déjà expérimenté la douleur, au moins une fois dans notre vie. Mais plus rare sont les personnes confrontées à de la douleur chronique. C’est ce qu’explique Nicolas Authier dans sa récente conférence pour TEDx et dont nous vous proposons un compte-rendu.

Qu’est-ce que la douleur ?

La douleur n’est ni plus ni moins qu’un signal. Ce signal est la résultante d’une dynamique entre l’information dite ‘ascendante douloureuse’ et le contrôle descendant de cette douleur. Sa finalité est donc utile : nous prévenir que quelque chose en va pas…

En revanche, la douleur chronique, soit la persistance de ce signal pendant plusieurs mois est une situation dont souffrent beaucoup de personnes. Cette douleur peut avoir un impact considérable tant sur la vie personnelle que professionnelle puisqu’elle va influencer l’humeur, ou le sommeil.

A la différence de le douleur que l’on dira ‘normale’ porteuse d’un vrai message, cette douleur chronique n’est pas utile. Pourtant en France, ce sont près de 10 millions de personnes qui souffrent de cette maladie fréquente qui reste largement invisible.

Un accompagnement multiple…

L’accompagnement des personnes souffrant de douleur chronique peut prendre plusieurs formes. Son enjeu fondamental : aller vers l’acceptation de cette douleur afin d’éviter toute forme d’épuisement provoquée par une lutte inutile. Ainsi, il s’agit aussi de déculpabiliser la personne souffrant ce cette douleur afin de lui faire comprendre qu’elle n’y est pour rien. Enfin il est aussi question d’inciter à l’activité physique, au mouvement afin d’éviter la Kinésiophobie (la peur excessive et irrationnelle de faire certains mouvements).

En complément de cet accompagnement, de nombreux traitements médicamenteux existent tels que le paracétamol, l’ibuprofène, la morphine et dérivés, le tramadol et les antidépresseurs). Aux côtés de ces stratégies médicamenteuses, il existe d’autres voies tels que la psychothérapie, le neurostimulation et parfois même des approches sociales car la douleur chronique peut parfois aboutir à la perte d’un emploi.

Malheureusement, le constat actuel reste celui d’une innovation thérapeutique globalement en berne.

 

L’intérêt de l’usage du cannabis médical

Dans ce contexte s’exprime un regain d’intérêt pour les médicaments à base de cannabinoïdes et la plante de cannabis. Ceux-ci présentent une fenêtre d’opportunité thérapeutique intéressante de plus en plus relayée et documentée. Son usage ancestral dans de nombreux pays (Chine, Inde, Eurasie…) contre la douleur y est reconnu de longue date. En France, il était déjà présent dans la pharmacopée (jusqu’en 1953) et utilisé de manière empirique bien que pas toujours sans risque.

Actuellement de nombreux pays ont déjà amorcé sa réhabilitation à usage médical. C’est notamment le cas de l’Angleterre ou encore le Canada qui fut le premier pays à légaliser le cannabis à usage médical dès 2001.

 

Le fonctionnement de la plante

Cette plante au niveau de son inflorescence, contient de nombreuses substances actives, dont les mieux caractérisées sont le THC (tétrahydrocannabinol) et le CBD (cannabidiol). Si le CBD possède d’intéressantes propriétés antalgiques, le THC agit quant à lui comme un désinhibiteur et euphorisant. Bien que différentes, on sait aujourd’hui que leurs effets peuvent être complémentaires sur des applications thérapeutiques.

A la lumière de la connaissance du système endocannabinoïde, nous savons aujourd’hui que ces deux principes actifs vont agir partout sur le corp via des milliers de récepteurs. On espère ainsi corriger un dysfonctionnement et rétablir l’homéostasie – soit un état d’équilibre du corps.

Par leur capacité d’interférer la transmission des messages douloureux  ainsi que leur effet sur la gestion des émotions, ces deux substances peuvent être intéressantes dans une finalité thérapeutique chez des patients souffrant de douleur chronique.

 

Où en sommes-nous en France ?

A la différence de beaucoup d’autres pays, la France adopte une approche très lente. L’expérimentation menée par l’ANSM auprès de 2100 patients pendant 18 mois vient tout juste d’être reconduite. Cette expérimentation porte sur 5 grandes indications, à savoir : les douleurs neuropathiques, la spasticité musculaire, les symptômes rebelles en oncologie, les situations palliatives et les épilepsies pharmaco-résistantes).

 

Concrètement : quelle utilisations préconisées dans une approche thérapeutiques ?

Autour du CBD et du THC gravitent toute une famille de médicaments, contenant des teneurs variables en THC et en CBD. Les deux approches majoritaires sont (i) une utilisation d’extractions ou (ii) l’utilisation de fleurs séchées puis broyées pour être ensuite positionnées dans un dispositif quant à lui chauffé à 190°. Cette dernière approche permet de dégager une vapeur contenant les cannabinoïdes. La combustion n’est pas un mode d’utilisation thérapeutique : il n’existe pas de ‘joints thérapeutiques’ en médecine.

 

Zoom sur la douleur neuropathique.

Aujourd’hui en France, près 6 à 7% de la population souffre de ces douleurs neuropathiques. C’est sur cette douleur que la médecine dispose de plus de preuves scientifique afin de proposer des médicaments à base de cannabis. Au sein de l’expérience de l’ANSM, près de 700 patients ont été traités pour ce type de douleur. Près des deux tiers d’entre-deux ont ainsi rapporté une douleur moindre. Parmi cette même cohorte, près de deux fois moins de douleurs catégorisées ‘d’insupportable’ ont été recensées à l’issu de cette expérience. On ne se focalise pas sur la douleur mais sur la diversité des symptômes du patients. Il est intéressant de noter qu’une majorité de participants à l’expérience n’avait jamais expérimenté du cannabis auparavant dans sa vie.

Néanmoins, il faut aussi comprendre que ces traitements ne sont pas efficaces parce qu’ils sont d’origine naturelle. Cette origine naturelle n’est pas nécessairement gage d’une dangerosité réduite ou d’une meilleure efficacité. Aussi, parce que les bénéfice d’une substance ne vont jamais sans effets indésirables, il est important de rechercher une applications proposant des bénéfices supérieurs à ces effets indésirables. A l’heure actuelle, les principaux effets indésirables connus dans l’usage du cannabis médical sont des effets neurologiques surtout présent sur les produits à dominante de THC provoquant certains vertiges, sédation ou encore de l’anxiété.

Les potentielles complications  (ex : palpitations) et contre-indications se doivent d’être observées mais les résultats de cette expérience sont positifs sur l’absence de dépendance ou encore de mésusage au cours de ces 18 mois.

Pour Nicolas Authier, il y a fort à espérer que ces médicaments à base de cannabis soit un jour disponible en France afin d’élargir l’éventail des thérapeutiques, notamment pour traiter les patients souffrant de douleur neuropathiques réfractaires.

 

Lien vers le média : https://youtu.be/SCoa8YhEqZY